décroissance

décroissance

Les bishnoïs....ancêtres de l'"écologie"?

Les Bishnoïs (ou Vishnoï) - de bish, vingt et noï, neuf dans une forme dialectale du hindî-, sont les membres d'une communauté vishnouïte créée par le guru Jambeshwar bhagavan, appelé communément Jambaji (1451-1536), surtout présente dans l'État du Rajasthan.

Ce sont des hindous dotés d'une forte conscience écologique,suivant  vingt-neuf préceptes et se caractérisant par:

 

  • leur végétarisme
  • leur respect strict de toute forme de vie (non-violence, ahimsâ),
  • leur protection des animaux et des arbres,
  • leur adoption d'une tenue vestimentaire particulière  .

 

 

Les Bishnoï, peuple d'Inde vivant selon la philosophie Bishnoï vieille de cinq siècles. Cette philosophie repose sur 29 règles concernant essentiellement la protection de la nature et de l'environnement.

 

 

 Les Bishnoïs vivaient paisiblement dans des villages isolés loin des centres de peuplement, mais depuis une dizaine d'année, ils sont de plus en plus nombreux à vivre en ville et à occuper des fonctions apparemment incompatibles avec leur traditions. Ils seraient environ 700 000 dans l'Ouest de L'Inde. Ce sont les rares hindous à enterrer leurs morts, du fait du bois qu'il faut couper pour la crémation.

 

bishnoi3.jpg

 

La gazelle Indienne ou chinkara(Gazella Bennettii) est particulièrement vénérée par les Bishnoïs, Sa présence signale souvent un village ou un temple proche de la communauté où on la trouve communément déambulant en toute confiance entre les maisons. Il arrive souvent encore de nos jours que les femmes bishnoïes allaitent les faons orphelins de cette espèce ou de l'antilope cervicapre qui est également un animal caractéristique du désert de Thar où vit la communauté Bishnoïe.

 

bishnois

 

La communauté s'enflamma lorsqu'en 1998 l'acteur de Bollywood Salman Khan,qui est musulman, après avoir abattu une antilope au cours d'une chasse illégale dans la région de Jodhpur, faillit s'en tirer à bon compte bénéficiant de sa renommée et de ses appuis. Les Bishnoïs harcelèrent les autorités pour que soit jugée et punie cette star nationale. L'affaire fit scandale dans toute l'Inde et les Bishnoïs qui finalement eurent gain de cause avec la condamnation de Salman Khan à de la prison ferme, récoltèrent une notoriété qu'ils ne recherchaient nullement  .

 

 

L’origine

 

bishnois

 

Le bishnoïsme repose sur des principes édictés par Jangeshwar Bahvan ou Jambho Ji, né à Pipasar, en Inde, en 1451 après J.C. Enfant unique, silencieux et introverti, il aurait été bouvier durant vingt-sept ans . D'une grande sensibilité au sort des êtres sans défense, il s’alarma par exemple, des massacres d’antilopes perpétrés par des villageois affamés par la grande sécheresse. La légende veut qu’il ait eu une illumination sur l’origine du mal être des êtres humains :vision mettant en exergue l’action négative de l’homme sur son environnement ,l'interdépendance des êtres vivants entre eux  ainsi que la nécessité d'intégrer écologie et protection de la vie au sein de ses actions quotidiennes.

 

bishnoi

 

Désireux d’aider tous les êtres, il prescrit des règles logiques, fondamentales et compréhensible par tous les êtres humains quels que soient l’ethnie, la religion ou les croyances.  Après avoir créé la première communauté à Samrathal Dhora , il diffusa son message de respect et solidarité à l'égard de tous les êtres vivants à travers le pays pendant cinquante ans .

Pendant des siècles, cette communauté a vécu et a su s'adapter aux conditions extrêmes de la vie dans le désert , entourée d'arbres et de quelques animauxs . Les Bishnoïs sont 7 millions et vivent principalement dans la région du Rajasthan ,loin des centres de peuplement. 

 
  •  Le sacrifice d'Amrita Devi ou leur vie pour les arbres

 

 

bishnoisLa communauté bishnoï a connu de graves problèmes lorsque le monde extérieur a pu mettre à mal leurs principes. L'histoire est devenue l'une des plus célèbres en Inde: celle d'un village entier se sacrifiant pour sauver ses arbres.

Au XVIIIe siècle,en 1730,  le mâhârâja Ajit Singh de Jodhpur envoya des coupeurs de bois (des soldats) dans les villages aux alentours, pour couper les gros arbres, notamment les khejri, parmi les plus fameux arbres du désert : il avait besoin de bois pour alimenter ses fours à chaud dans le cadre d'un vaste chantier de rénovation de son palais.. Les Bishnoï essayèrent de parlementer avec les ouvriers, leur expliquant que de ces arbres dépendaient toute la vie de la région.

Ne pouvant se faire entendre, une femme, Amrita Devi, et ses filles, encerclèrent chacune un arbre de leurs bras pour faire barrage aux hommes. Puis hommes, vieillards, jeunes suivirent l'exemple des femmes. Tous prirent un arbre à bras le corps ; et les soldats coupèrent, mutilèrent, sans distinction, les arbres et les Bishnoïs: 360 villageois furent ainsi massacrés en même temps que leurs "frères" du monde végétal. Tout le monde se prêta volontaire et s’interposa entre l’arbre et la hache.

Face au courage des villageois, le Maharadjah, ému,  se déplaça en personne dans la région afin de présenter ses excuses et ses condoléances et ordonna un décret royal interdisant toute chasse et toute déforestation sur les terres des Bishnoïs. Bien que depuis longtemps devenu obsolète, une loi non écrite interdit toujours la chasse et l’abattage des arbres sur les territoires des communautés Bishnoïs.

Ce sacrifice repose sur les 29 principes écologiques édictés par Jangeshwar Bahvan ou Jambho Ji.

 

 

  • Les piliers du Bishnoïsme

Le Bishnoïsme repose sur vingt-neuf piliers (d’ailleurs, Bishnoï signifie vingt-neuf) et ses principes se matérialisent au quotidien par diverses actions:

 

  •  Un régime exclusivement végétarienbishnois

 

  •  une sorte d’écotaxe: un dixième de leur récolte de céréales est destinée à l’alimentation de la faune locale ; les femmes bishnoï vont même jusqu’à donner le sein aux faons orphelins.

bishnois

  •  pas d'incinération (contrairement aux usages de la majorité des Indiens non musulmans),afin de ne pas couper d'arbres pour le feu de la crémation.

Les feux sacrés sont allumés dans la journée pour éviter que les insectes (moustiques et autres) ne périssent dans les flammes.

Ces préceptes expliquent la présence d’un oasis vert et fertile dans ces régions arides.

 

bishnois

 

Les 29 Commandements:

 

  • 1° Observer une mise à l'écart de la mère et du nouveau-né pendant trente jours après l'accouchement (pour éviter des infections et à cause de l'éventuelle fatigue de la mère).
  • 2° Ecarter la femme de toute activité pendant 5 jours lors du début de ses règles (pour ne pas la fatiguer et respecter une certaine hygiène).
  • 3° Tôt, chaque matin, prendre un bain.
  • 4° Maintenir la propreté externe du corps et interne de l'esprit (par un comportement et des sentiments humbles, sans animosité, etc.)
  • 5° Méditer deux fois par jour, en matinée et en soirée, lorsque la nuit est encore séparée du jour.
  • 6° Chanter la gloire du seigneur et exposer ses vertus chaque soirée.
  • 7° Faire des offrandes et offrir l'oblation quotidienne au feu sacré avec un cœur rempli de sentiments de bienveillance  pour tout être vivant, d'amour pour la nature et le monde entier et de dévotion au seigneur.
  • 8° Employer l'eau filtrée, le lait et le bois de chauffage soigneusement nettoyé (Afin de les purifier et éliminer les bactéries. Le bois est nettoyé afin d’éviter de faire brûler des insectes. Le bois utilisé est toujours du bois mort, d’un arbre tombé, etc.).
  • 9° Etre attentif et conscient de ses paroles (penser avant de parler).
  • 10° Pardonner naturellement.
  • 11° Être compatissant. 
    (La compassion purifie le cœur. C’est le contraire du pardon en ce sens que l’acte de pardonner réside dans le fait de garder le cœur et l’esprit serein face à des stimuli extérieurs, tandis que la compassion fait appel à la capacité d’absorber les émotions des plus faibles.)
  • 12° Ne pas voler.
  • 13° Ne pas dénigrer, déprécier ,injurier quelqu'un. 
    (Injurier signifie ne pas insulter la personne en sa présence ou derrière son dos. C’est différent de la critique ouverte qui est faite dans une démarche d’amélioration, d’apprentissage. L’injure ou la condamnation a pour unique but de dévaloriser l’image de la victime face à la communauté. Ce sont des actes de lâcheté nés de l’envie ou de la haine.)
  • 14° Ne pas mentir.
  • 15° Ne pas se livrer à l'opprobre.( les débats à caractère antisocial ou antihumains et non constructifs n'ont pas lieu d'être. Le gourou lui-même n’a pas banni le débat  s’il concerne une discussion saine et dont l’issue est pour le bien de tous.)
  • 16° Jeûner et méditer la nuit sur la nouvelle lune. (Afin de purifier le corps et lui permettre de se reposer. Les calendriers lunaire et astral ont également de l’importance dans la communauté. De plus, le fait que la lune disparaisse symbolise la nature périssable de la vie.)
  • 17° Réciter le nom de saint de Vishnou.
  • 18° Être compatissant envers tous les êtres vivants.
  • 19° Ne pas détruire les arbres verts (c'est-à-dire non morts).
  • 20° Tuer les passions de convoitises, d'irritation, de colère, d'envie, d'avarice et d'attachement. 
  • 21° Se permettre de cuisiner soi-même, ou par un fidèle d'une autre religion ou secte, en étant pur de par le cœur et le travail.
  • 22° Fournir un abri commun (Thhat) pour les chèvres et les moutons afin de leur éviter l'abattoir. (Les bishnoïs s’interdisent de vendre des chèvres ou des moutons car ils pourraient terminer à l’abattoir. Ils doivent les emmener au Thhat où toute la communauté leur fournira un abri et de la nourriture.
  • 23° Ne pas castrer le taureau.  Dans l'Inde rurale, les taureaux sont castrés car ils sont utilisés dans l’agriculture. Le gourou a interdit cette pratique. Les Bishnoï élèvent les bovins comme des membres de leurs familles et s’interdisent toute pratique cruelle à leur encontre.
  • 24° Ne pas consommer ou cultiver de l'opium.
  • 25° Ne pas consommer ou cultiver du tabac et ses dérivés.
  • 26° Ne pas consommer ou cultiver du cannabis.
  • 27° Ne pas boire de boissons alcoolisées.
  • 28° Ne pas manger de plats de viande ou non-végétariens(afin de protéger les animaux) et obligation de protéger et de nourrir les animaux sauvages. Également dans le but d’empêcher l’être humain, la plus grande création de la nature, de s’abaisser à manger des cadavres. Scientifiquement, la structure des dents humaines, sa mâchoire, etc.  ne sont pas celles d’un animal carnivore mais d’un herbivore. Étrangement, si la consommation de viande était propre à l’homme, pourquoi même les non-végétariens mangent les œufs ou la viande des animaux herbivores et non pas des animaux carnivores ?
  • 29° Ne pas utiliser de vêtements teints en bleu (En Inde antique, cette couleur était obtenue grâce à un arbre sauvage, l’indigo et symbolise la mort. Le gourou a proscrit cette couleur afin de protéger les arbres. Par le fait du hasard, la couleur indigo est dangereuse pour la santé puisqu’au lieu de refléter les rayons ultraviolets, elle les absorbe.)

 

Certaines de ces règles représentent une véritable "révolution" dans le monde hindouiste où règne la ségrégation des castes et où la notion d'impureté est liée à la naissance. Les Bishnoï considèrent que la pureté du corps et de l'âme s'obtient par les actes et les pensées, offrant ainsi un terrain d'expression ouvert à tous, quelle que soit sa religion ou sa caste - chose impensable en Inde. 

 

Les Bishnoï dans le monde moderne

Depuis cinq siècles,  les Bishnoïs offre l'image immuable d'un monde parfait, idyllique, où hommes, animaux, végétaux, cohabitent ensemble dans un respect mutuel, où le faon orphelin est allaité par le même sein qui nourrit le bébé humain, où chaque soir les animaux du désert viennent chercher subsistance et eau dans les mains bienveillantes des hommes. Un monde où règnent respect et tendresse entre hommes et femmes, baigné de sourires par centaines, témoignant de la lumière intérieure de ces paysans pacifiques.

Les villages bishnoïs constituent de véritables havres de paix ou même les animaux du désert viennent se réfugier sachant qu'aucun chasseur ne viendra les débusquer. Pourtant, les années de sécheresse ont mis en grand danger de survie ces tribus, obligées de s'ouvrir à l'aide des ONG.

 

La philosophie des Bishnoïs est un exemple pour le reste du monde: ils sont  prêts d'instinct à se sacrifier pour préserver la vie alors qu’ils vivent dans des conditions plus que basiques, sans beaucoup de ressources, sans medias pour les informer.

 

Voilà qui devrait donner matière à réflexion au rapport que nous autres occidentaux entretenons avec notre environnement malheureusement trop souvent synonyme de destruction et gaspillage .

A méditer...

 

 

 Inde, au Rajasthan, les «Bishnoïs» ont fait du respect de la nature et des animaux le centre de leur existence. Branche minoritaire de l'hindouisme cette communauté ne fait pas de différence entre l’homme et l’animal et vit en pleine harmonie au beau milieu des antilopes, des biches et des faons.

 


 

LA FORET DES 29 — LA PHILOSOPHIE BISHNOI par IreneFrain

 

https://youtu.be/SC9fg844WWk

Les errants qui avaient rencontré Djambo sur la dune de Samrathal cherchent avec lui une terre où ils puissent vivre son rêve: étendre à la Nature le principe de justice. Il trouvent un lieu isolé où il reste de l'eau et y inventent, non une nouvelle religion, mais une nouvelle façon de vivre. Ils finissent par fixer à 29 le nombre de leurs principes — certains inspirés du bouddhisme. D’où leur nom: Bishnoïs — « 29 » en hindi. Suppression des castes, protection des femmes, végétarisme, respect absolu des arbres, des animaux et de tous les vivants, etc. Dans ce lieu qu’on appellera « Djamba » naît une oasis prospère. Un pèlerinage pour les Bishnoïs du XXIème siècle qui déposent rituellement une poignée de sable en haut du tertre rouge. Une construction destinée au recueillement abrite une niche. On y voit l’empreinte des pieds de Djambo. Durant l’enquête qu’elle a menée pour son livre « La Forêt des 29 », Irène Frain rencontre la sage qui garde les lieux.

 

 


 

https://youtu.be/sJqno3SwsfU

 

 

LA FORET DES 29 — HISTOIRE DES BISHNOI par IreneFrain

Quelques années après la fondation, à Djamba, de la première communauté de Bishnois, les 29 principes de Djambo font école. La verdure de son oasis, sa sérénité, la santé de ses habitants, leur empathie avec les animaux, leur philosophie de paix inspirée du bouddhisme impressionnent les visiteurs. Au Rajasthan, quantité de gens sont alors séduits par l’abolition des castes et le statut privilégié des femmes: Djambo refuse le système de la dot, l’immolation des veuves est interdite et il invente le congé maternité ! Un adepte des 29 principes, Natho, recueille ses paroles, les « Shabad » — « Résonances ». Les 800 000 Bishnoïs que compte actuellement l’Inde les écoutent ou les récitent régulièrement. Comme ce sage rencontré à Phalodi, sur la route de Bikaner, avec qui Irène Frain a longuement parlé lors de son enquête pour son livre « La Forêt des 29 », notamment les chapitres 8 et 9 « La religion des simples » et « Comme graines jetées aux quatre vents ».

 

 

 

Source:

http://humanityy.com/fr/blog/ecologie/les-bishnois-les-premiers-ecolos/

Les Bishnoï, la caste des purs et protecteurs de la nature http://www.suite101.fr/content/les-bishnoi-la-caste-des-purs-et-protecteurs-de-la-nature-a10115#ixzz1HihBylK0



26/03/2011
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 982 autres membres