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Les jardins familiaux: remède contre la pauvreté et la famine?

FIGURE 1 Maisons et jardins: une vieille association. Les Semang, une population qui vit essentiellement de la chasse et de la cueillette dans les forêts de Malaisie, disperse, de façon délibérée ou accidentelle, les graines des précieux arbres fruitiers de la forêt autour de son campement. Les jeunes plants, fortifiés et enrichis par le changement environnemental et autres conditions écologiques propres aux campements et aux activités humaines périodiques, deviennent les biens personnels des tribus, familles ou individus qui les protègent. Ces jardins stabilisent l'approvisionnement alimentaire, marquent la propriété d'une zone en jachère dans un cycle d'agriculture itinérante et conduisent souvent à l'établissement permanent sur le site. (Source: C. Landon-Lane)

 

La diversité des besoins des ménages trouve son expression dans les jardins familiaux; elle comprend les produits alimentaires de base, les fruits, les légumes, les matériaux, les condiments, les stimulants et les médicaments. Les jardins se développent pour l'une ou l'ensemble des raisons suivantes:

  • fournir des aliments nutritifs et quelques produits alimentaires de base tout au long de l'année, comme les plantes alimentaires, le poisson, la volaille, et les produits de grignotage comme les fruits et les réserves alimentaires spéciales comme les plantes racines, les arbres et l'élevage.

  • engendrer un revenu à partir de la vente des produits du jardin; la vente des produits et la valeur ajoutée apporte une contribution non négligeable au revenu de la famille.

  • soutenir des activités importantes dans le cadre du développement agricole; certains intrants agricoles proviennent des activités du jardin familial comme la reproduction des jeunes plants, l'élevage des animaux de labour, la fabrication et la réparation des outils; les essais de cultures et de techniques agricoles nouvelles ont souvent lieu dans le jardin familial, qui est aussi l'endroit où sont séchés, transformés et entreposés les produits de la récolte.

  • offrir un environnement qui allie santé, confort et beauté; un jardin familial productif contribue à recycler et à gérer sans risque les déchets du ménage par le compostage ou l'alimentation animale, en utilisant les eaux sales et en fournissant un endroit pour les latrines; les jardins permettent de s'isoler du regard des autres, ils donnent de l'ombre et des fleurs pour le plaisir de la famille et de ses invités.

Systèmes, ressources et choix

Dans le monde entier, les jardins familiaux s'intègrent à la vie de la famille. D'une façon générale, on distingue:

  • les jardins traditionnels, qui sont le résultat d'une longue adaptation des plantes aux exigences et conditions locales
  • es jardins expérimentaux, souvent conçus à partir d'un soutien extérieur, d'idées et de technologies importées.
  • Les jardins potagers aménagés à moindre frais - un petit lopin de terre qui produit les légumes et les assaisonnements nécessaires à l'amélioration des repas quotidiens. L'eau de vaisselle ou du bain sert à l'arrosage; selon le niveau de sensibilisation environnementale locale et la disponibilité des technologies de recyclage comme le compostage et la production de biogaz, on réutilise les substances nutritives provenant des déchets de la cuisine et des humains.
  • les jardins mixtes ( sur une superficie plus grande et avec davantage de capitaux), qui intègrent la volaille, le bétail et les étangs à poissons offrent des possibilités intéressantes en matière de transformation des déchets et de recyclage des substances nutritives.
  • les jardins agroforestiers, l'utilisation de l'espace limité est maximisée grâce aux cultures pluriétagées - des arbres, des plantes grimpantes, des plantes de sous-bois et des plantes racines.

L'espace vital, les contours et les matériaux sont intégrés aux jardins. Les arbres fournissent de l'ombre et un abri sous leur voûte, et leurs racines stabilisent le sol autour de l'habitation. Des plantes à fonctions multiples comme l'argousier dans les régions froides, Leucaena glauca dans les régions tropicales et même le manioc sont plantées en clôture et constituent un écran vivant qui protège les cultures, permet de s'isoler des autres, et fournit du bois de chauffe, des matériaux, des aliments et du fourrage. Dans certaines régions d'Asie, la tradition veut que les parents plantent un margousier (Melia azadirah) dans le jardin familial à chaque nouvelle naissance dans la famille, de sorte que chacun, à l'âge adulte, possède le bois nécessaire à la construction de sa propre maison. L'huile dérivée des feuilles et des graines du margousier est un pesticide naturel; on le plante maintenant dans les jardins familiaux d'Afrique. Construit à l'aide des matériaux qu'il produit, le rugo traditionnel d'Afrique centrale est une agglomération de huttes au toit de chaume entourée de terrasses concentriques, cultivées en graminées, bois et autres cultures, qui permettent de lutter contre l'érosion et de se protéger contre les animaux sauvages. Il abrite la famille élargie, et des huttes sont aussi prévues pour le bétail, l'entreposage et même le compostage.

 

FIGURE 2 Au Niger, une femme examine le margousier de son jardin. (Source: FAO/16807/W.Ciesla)

FIGURE 3 Un écran végétal de manioc limite les déplacements du bétail, et constitue aussi une réserve alimentaire grâce à ses racines farineuses, à consommer en cas de pénurie alimentaire imprévue. (Source: C. Landon-Lane)

 

Dans la plupart des communautés, la population est suffisamment nombreuse pour que la spécialisation soit rentable:

  • Les jardin maraîchers visent à satisfaire les demandes du marché, comme les légumes frais du jour, et les fruits de saison. La demande du marché en produits laitiers, oeufs, et autres produits d'origine animale est relativement stable même dans les petites communautés.
  • Les pépinières reproduisent et vendent des jeunes plants d'arbres pour les jardins, les plantations et les terres à bois, ou des semis de légumes pour satisfaire la demande locale en cultures saisonnières de plein champ.
  • La floriculture, les plantes en pot et les plantes d'ornement constituent un autre système de jardin spécialisé orienté vers le marché, notamment dans les zones périurbaines. Chaque ménage choisit la superficie, la nature et l'objectif de son jardin familial en fonction de ses besoins, de ses ressources et des débouchés du marché.

Les jardins, lieux d'innovation

Comme tous les autres types d'agriculture, le jardin familial d'aujourd'hui fait appel à des modifications environnementales allant des systèmes très intensifs comme les serres, où tous les aspects du cycle végétal sont gérés, à des systèmes extensifs comme les vergers qui, une fois plantés, nécessitent moins d'interventions. Les jardins familiaux sont des lieux où l'innovation est traitée avec beaucoup de soin; le développement des techniques et des marchés profite aux jardins familiaux. Les innovations et les échanges commerciaux ont permis d'adapter de nombreuses cultures dans les jardins familiaux, avant de les cultiver ensuite, pour certaines, en plein champ.

 

Depuis des siècles, les sélectionneurs de végétaux et d'animaux choisissent des lignées adaptées à la production à petite échelle; l'accès à cette diversité des ressources génétiques améliore la productivité et élargit les choix. Une technologie peu coûteuse comme le polyéthylène peut être utilisée pour améliorer les conditions de croissance: les produits et les pratiques sont choisies en fonction des fluctuations des besoins du ménage et des débouchés du marché. Les produits agrochimiques ont leur place dans l'agriculture, mais la préférence va aux pratiques de production organique en raison de la proximité des habitations, des préoccupations environnementales de la communauté et de la possibilité d'accéder à des produits alimentaires frais chaque jour. L'augmentation récente de la demande en produits de culture biologique a entraîné la création de nouvelles technologies de production adaptées à l'autoconsommation et aux petits entrepreneurs.

Tendances

Le climat, les préférences alimentaires locales et le commerce influencent les différences régionales des jardins familiaux. L'immense biodiversité naturelle de certaines régions tropicales, associée à l'influence prolongée exercée par les voies commerciales, a donné naissance à une grande diversité végétale et animale et, dans beaucoup de jardins, à la création d'étangs d'élevage. A Java, en Indonésie, et à Kandy, au Sri Lanka, les jardins traditionnels de type agroforestier, pluriétagé, et de gestion peu rigoureuse contiennent une dizaine d'espèces différentes dont la production se superpose: les plantes racines, les légumes à feuilles, les plantes grimpantes, les arbustes et les arbres à cime dominante. Ces jardins agroforestiers sont fréquents là où les terres disponibles sont en insuffisance. La diversité des produits frais disparaît quand l'utilisation traditionnelle de la terre est affectée par les changements dans la politique économique, les tendances de l'emploi et la croissance démographique.

 

Les jardins traditionnels dans différentes régions

L'observation et l'étude des jardins traditionnels dans des contextes culturels et climatiques différents mettent en évidence certaines caractéristiques régionales. Les jardins sont les sites de conservation des espèces végétales indigènes - des plantes domestiques et mi-sauvages comestibles et utiles - et reflètent les préférences culturelles. Il est intéressant de noter que dans le climat économique actuel, les jardins familiaux ont une importance capitale pour les pauvres et pour les populations vulnérables à l'insécurité alimentaire.

Les jardins asiatiques offrent aux ménages un certain nombre d'avantages:

  • la préservation des valeurs esthétiques et culturelles;

  • la production qui garantit l'alimentation de la famille, avec un rendement énergétique en kCal/ha pouvant être supérieur au rendement obtenu à partir du paddy;

  • la plus importante source unique de revenu du ménage, dans la majorité des cas;

  • un apport de revenu pendant les périodes creuses, quand le jardin est à la fois une source de revenu et de réserve alimentaire.

En Indonésie, les agriculteurs pauvres cultivent plus intensément leurs jardins que les riches et contribuent près de 25 pour cent du revenu du ménage. Ces jardins offrent une très grande diversité de cultures et font généralement fonction de source principale de produits alimentaires secondaires, de réserve de denrées de base, et de source de revenus. Les chèvres et les poules fournissent les protéines et le fumier. Au Népal et au Bhoutan, les épices et les plantes médicinales présentent un intérêt majeur et les légumes ramassés à l'état sauvage complètent généralement les repas de la famille. Au Vietnam et dans certaines régions de la Chine, les jardins où sont associés légumes, animaux et étangs à poissons sont basés sur le recyclage des déchets: les déchets animaux et humains fertilisent le jardin et l'étang, les herbes aquatiques servent de fourrage, les déchets végétaux nourrissent le poisson, l'eau de l'étang est utilisée pour irriguer et la vase de l'étang sert à préparer les sols. Les porcs, les canards et autres volailles sont les animaux les plus courants.

Les jardins africains sont pluriétagés et d'une grande diversité dans les zones humides, ils deviennent moins complexes et moins diversifiés au fur et à mesure que les précipitations deviennent plus rares et plus irrégulières. Dans les peuplements à forte densité de population, les jardins sont plus simples et moins étendus - on y trouve quelques arbres fruitiers et des légumes comme l'amarante et l'okra. La priorité croissante accordée aux cultures marchandes de plein champ renforce le rôle primordial du jardin familial dans la subsistance de la famille; on cultive davantage de denrées de base comme le sorgho, le manioc, l'igname, les arachides et les oléagineux dans les jardins africains qu'en Asie ou en Amérique latine. L'élevage en parcs et l'arboriculture de jardin ont une importance particulière dans la région du Sahel où les précipitations sont irrégulières; des études montrent que les recettes sont moins incertaines que dans l'agriculture de plein champ. Les jardins sont une forme d'assurance stratégique contre la destruction des récoltes par la sécheresse ou la maladie. En Afrique de l'est, l'arboriculture de jardin est une pratique ancienne; les arbres s'y reproduisent d'eux-mêmes et ont besoin d'aucune ou peu d'interventions, donnant naissance au concept de non-culture - à l'inverse de la monoculture à risques.

Les jardins d'Amérique latine sont issus d'une série d'influences ethniques qui remontent à l'époque précolombienne; ils jouent toujours un rôle important dans la subsistance et la création de revenus. Les Mayas ont développé des jardins pérennes mixtes dans les zones semi-arides, des jardins potagers chez les populations indigènes et des jardins flottants dans les zones marécageuses. Certaines pratiques de culture sont arrivées aux Caraïbes avec les esclaves venus d'Afrique; les jardins étaient la principale source d'approvisionnement alimentaire pendant l'esclavage. Ils contiennent généralement des plantes racines, des épices, des herbes, des fruits, des légumes et des plantes d'usage rituel ou ornemental. Des études menées dans plusieurs îles révèlent que les pauvres utilisent de plus en plus les jardins comme stratégie de lutte contre l'inflation des prix alimentaires due à la forte dépendance aux importations alimentaires. Dans les Andes, où les animaux sont la principale forme d'épargne, ce sont les femmes qui s'occupent des animaux et des jardins. Elles y cultivent les pommes de terre, les oignons, l'ail, les tomates, les cardes, les haricots et le maïs, pour la consommation et la vente tout au long de l'année. Les cobayes et les lapins élevés dans les potagers sont d'excellentes sources de protéines. Les jardins fournissent l'approvisionnement alimentaire pendant les périodes maigres qui précèdent les récoltes et fournissent les semences des pommes de terre et des céréales.

Les jardins urbains se développent rapidement, sous l'impulsion de l'urbanisation croissante. En 1996, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a estimé qu'environ un tiers des familles urbaines dans le monde produisent au moins un tiers des légumes, des oeufs et de la viande consommés dans les villes. On trouve des jardins urbains partout où les conditions minimum requises pour développer un jardin sont réunies: près des maisons, sur les balcons des immeubles, le long des canalisations et des routes, et sur des terrains temporairement inutilisés. Les jardiniers sont souvent les couches les plus démunies de la société: les nouveaux réfugiés, les immigrants, les personnes âgées et les sans-emploi. La proximité de la clientèle est un bon stimulant et elle peut stabiliser les moyens d'existence.

 

Voyage, commerce et diversité dans les jardins

Une étude menée à Java, en Indonésie, a relevé 127 espèces végétales différentes actuellement cultivées dans les jardins familiaux. L'Indonésie est une des régions du monde où la biodiversité est la plus vaste. Au Timor oriental, des fouilles archéologiques dans des grottes datant de 14 000 à 2 000 ans ont permis d'expliquer comment certaines espèces sont arrivées jusque dans les jardins familiaux. Dans les temps les plus anciens, la plupart de ces espèces existaient dans les forêts locales, comme la noix de bancoul (Aleurites moluccana), la noix de bétel (Arecha catechu) et le poivre. Il y a environ 5 000 ans, les échanges commerciaux avec le continent asiatique ont contribué à introduire d'autres plantes, comme le bambou, le millet des oiseaux (Setaria sp.) et la calebasse (Langenaria siceraria), originaire d'Afrique. Il y a environ 2 000 ans, plusieurs plantes américaines ont été introduites, dont les arachides, les pommes-cannelle (Annona squamosa) et le maïs. Pendant les 400 dernières années, l'intensification des échanges commerciaux a contribué à introduire une diversité encore plus grande comme les piments, les pommes de terre, le café et la vanille.

 

Dans certaines régions de la Chine où la pression démographique et la disponibilité limitée des terres et des ressources nutritives contraignent à innover et à cultiver de manière intensive, les systèmes des jardins sont gérés de façon rigoureuse. Il arrive parfois qu'en une année, une planche de jardin produise dix récoltes. Les jardiniers pratiquent les cultures organiques avec une telle efficacité que, malgré l'intensité des cultures, les champs près de Chengdu qui étaient déjà cultivés sous la dynastie Han sont toujours fertiles après 20 siècles d'utilisation continue.


Dans d'autres régions, ces pressions associées aux fluctuations de la demande du marché et à l'introduction des produits agrochimiques sans formation ni préparation préalables ont obligé les cultivateurs à employer des méthodes qui n'appartiennent pas au savoir local. D'où des cas d'empoisonnement aux résidus de pesticides, des eaux souterraines rendues toxiques par les nitrates, et une érosion de la fertilité des sols qui rend impossible la culture des jardins, notamment en zones périurbaines. Subsister à partir de la terre - et de façon durable - repose sur un équilibre écologique parfois fragile.

 

FIGURE 4 En Chine, une enfant réfléchit à la voie à suivre. Elle a le choix de vendre maintenant les potirons de son jardin à bon prix au marché, ou de les entreposer pour l'hiver. Les femmes jouent un rôle prédominant dans la transformation des aliments et elles s'occupent généralement de la commercialisation. Pour améliorer la production alimentaire du ménage, il importe d'accorder une priorité plus grande à la participation des femmes à la production maraîchère et aux autres activités génératrices de revenus. Leur pouvoir d'achat peut être utile à acheter les intrants nécessaires à la production alimentaire. (Source: FAO/16138/P. Johnson)

Orientations futures

Quelle sera la contribution apportée par les jardins familiaux à l'approvisionnement alimentaire, l'emploi en zone rurale et la génération de revenus, dans le futur? Facteur parmi d'autres, l'accroissement de la population dans beaucoup de régions du monde a exacerbé la pauvreté et l'insécurité alimentaire. Il est prévu que d'ici 2010 la population mondiale atteindra 7,3 milliards de personnes, dont plus de 90 pour cent vivront dans les pays en développement. Il est difficile, voire impossible, de suivre le rythme de l'accroissement démographique en matière de création d'emplois urbains; par conséquent, il est fondamental de maintenir des emplois ruraux viables afin de prévenir une explosion de la pauvreté urbaine. Dans The state of food insecurity in the world, 2001, la FAO estime qu'il y a environ 815 millions de sous-alimentés, dont 95 pour cent vivent dans les pays en développement; plus de 20 pour cent sont des enfants. La pauvreté, associée à l'insuffisance des moyens de transport et des systèmes de production, oblige les populations rurales à vivre principalement des produits de production locale. Le rôle et la contribution des jardins familiaux face à ces problèmes sont reconnus par les organismes de développement depuis 1970, notamment depuis qu'une étude des systèmes d'exploitation agricole a permis aux organismes du développement rural et agricole de mieux comprendre les exploitants et leur famille. Afin d'améliorer les moyens d'existence des populations rurales et périurbaines dans les pays en développement, les organismes du développement encouragent la pratique du jardin familial, qui a comme objectifs de:

  • réduire la pauvreté;

  • diversifier les revenus et les emplois ruraux;

  • améliorer l'approvisionnement alimentaire des ménages, en qualité et en quantité, et garantir une meilleure nutrition;

  • améliorer la situation de la femme;

  • améliorer la gestion de l'eau et des déchets au niveau des ménages et de la communauté;

  • réduire les contraintes exercées sur les ressources alimentaires naturelles.

Certaines institutions de recherche spécialisée, comme le Centre de recherche et de développement sur les légumes en Asie, ont créé des systèmes de jardin familial sophistiqués à des fins précises, comme, par exemple, couvrir efficacement et à peu de frais les besoins journaliers en vitamine A; d'autres, comme la FAO, ont aidé les communautés du monde entier à adapter les technologies du jardin familial à des fins diverses comme l'amélioration de la nutrition, la création de jardins scolaires, la génération d'un revenu pour les femmes et la diversification des moyens d'existence en milieu rural. D'une façon générale, ces actions et ces investissements sont productifs dans la mesure où les populations ont accès aux ressources et aux services leur permettant de faire leurs propres choix. Un jardin familial, même de quelques mètres carrés, peut produire suffisamment de vitamine A, vitamine C et autres substances nutritives pour couvrir les besoins nutritionnels d'un enfant en pleine croissance; il fournit un revenu en espèces aux femmes et permet aux familles de mieux résister à la précarité de leurs disponibilités alimentaires, de leur revenu et de leur santé, et éviter ainsi de s'enfoncer davantage dans la pauvreté.


FIGURE 5 A la découverte de nouvelles perspectives pour les moyens d'existence en Mauritanie. Femmes récompensées de leurs efforts par le succès des cultures de légumes en plein désert. Des réussites de ce type apportent quelque chose de nouveau dans les repas de la famille, et sensibilisent à la manière de produire un effet positif à long terme sur l'environnement. (Source: FAO/11667/J. Van Acke)

 

Comme les jardins familiaux offrent encore un potentiel considérable d'améliorer les moyens d'existence des populations des pays en développement, notamment en Afrique, en Amérique latine et dans les régions arides de l'Asie, il est fondamental de vulgariser les méthodes qui ont fait leur preuve par le biais de la diffusion locale et d'un soutien extérieur minime. Les technologies à petite échelle qui visent à protéger les récoltes du froid pendant la croissance des cultures et l'entreposage offrent de bonnes perspectives dans les zones écologiques tempérées fraîches et en altitude de l'Asie du nord et du centre. En raison du lien étroit qui unit le jardin à l'habitation, le jardin familial est un outil important qui permet aux communautés de ne pas se laisser dépasser par le développement socio-économique; son efficacité s'affirme en tant qu'initiative autonome, ou en tant que composante d'un projet de développement rural de grande envergure.


BIENFAITS DES JARDINS FAMILIAUX


Les jardins familiaux viables améliorent la capacité des petits exploitants et de leur communauté à faire face aux problèmes interdépendants de sécurité alimentaire, nutrition, santé et sécurité économique.

 

Les bienfaits potentiels et leurs bénéficiaires sont les suivants:

  • la génération d'un revenu et la hausse de l'emploi rural grâce à une production supplémentaire ou hors saison;

  • l'amélioration de la sécurité alimentaire;

  • l'accroissement de la disponibilité alimentaire et une meilleure nutrition grâce à la diversité alimentaire;

  • la diminution des risques grâce à la diversification;

  • des retombées environnementales liées au recyclage de l'eau et des substances nutritives dans les déchets, à la protection contre le soleil et la lutte contre la poussière et l'érosion, et au maintien ou au renforcement de la biodiversité locale.

Moins de pertes alimentaires grâce aux jardins

Comme le jardin est attenant à l'habitation, les risques des pertes alimentaires dues aux ravageurs et au vol sont réduits. Dans le système d'exploitation familiale, la majeure partie des denrées de base provient généralement d'un ou plusieurs champs d'une même culture. En général, ces champs se situent assez loin de l'habitation, et un membre de la famille passe la nuit dans une hutte improvisée pour surveiller la récolte.

Les cultures de plein champ sont généralement produites en monoculture - une seule espèce est plantée en une seule fois - de façon à maximiser la croissance et l'efficacité dans le travail. Cependant, ce manque de diversité augmente les risques des pertes dues aux maladies et aux ravageurs, qui, dans ces conditions, se multiplient et se propagent facilement. Quand les semis sont effectués une seule fois dans l'année, les risques de pertes dues à la sécheresse et aux intempéries sont élevés. Inversement, dans le jardin familial, la grande diversité et l'échelonnement des semis favorisent davantage la survie des cultures. Aux Philippines et dans les îles du Pacifique, on cultive des parcelles de taro (Colocasia ou autre espèce voisine) dans les jardins pour assurer l'approvisionnement alimentaire de la famille après le passage dévastateur d'un typhon ou d'un cyclone tropical. Des plantes comme celles de la famille de l'oignon (Allium sp.) et du margousier (Melia azadirach), sont des répulsifs utilisés pour éloigner les insectes et animaux nuisibles des jardins. Les cultures des jardins familiaux profitent aussi de l'emplacement ombragé et protégé de l'habitation, ce qui n'est pas le cas des cultures de plein champ. Par ailleurs, le jardin familial est l'endroit où les produits sont traités et transformés en sécurité.

 

FIGURE 6 Des bottes de soja sèchent sur l'aire de travail d'un jardin familial dans le nord de la République démocratique populaire lao. Un membre de la famille surveille le soja qui sera rapidement mis à l'abri en cas d'orage de mousson. Une grande partie sera vendue et le reste sera entreposé pour l'hiver dans de grands récipients en terre cuite. (Source: C. Landon-Lane)

Des produits de meilleure qualité en plus grande quantité et à tout moment

Les jardins contribuent de façon significative à la sécurité alimentaire en tant que source supplémentaire de produits alimentaires ou source d'approvisionnement pendant la saison creuse. Sous tous les climats, à l'exception des plus chauds et des plus froids, les légumes peuvent être cultivés et récoltés tout au long de l'année.

Souvent, les arbres donnent leurs fruits ou leurs noix à des périodes différentes de l'année, à l'inverse des denrées de base. Dans les climats tropicaux, la papaye (Carica papaya) et la banane (Musa paradisiaca L.) sont récoltées pratiquement toute l'année. Dans les zones subtropicales, le feijoa (Feijoa sellowiana) et l'avocat (Persea americana) d'Amérique du Sud, et les mandarines (Citrus sinensis) et le jujube (Ziziphus jujuba) d'Asie sont récoltés depuis la fin de l'été jusque dans l'hiver, quand peu d'autres fruits sont disponibles. Dans les régions sèches et tempérées, les noix relativement non périssables comme celles du noyer (Juglans regia) et de l'anacardier (Anarcardium occidentale) sont des produits à valeur alimentaire et commerciale qui peuvent être entreposés ou vendus sur les marchés.

 

FIGURE 7 La récolte des figues de Barbarie pour le marché dans le nord du Chili.

Quand besoin est: Les cultivateurs et les jardiniers ont toujours connu de bonnes et de mauvaises récoltes. La sécheresse, les maladies et les prix bas des cultures non alimentaires contribuent à les faire sombrer dans la pauvreté et la pénurie alimentaire. Il est possible de prévenir ces risques en pratiquant des cultures vivaces qui ne sont récoltées qu'en cas d'extrême nécessité, et où la main d'oeuvre investie est moindre pour une rentabilité faible. Dans le monde entier, les jardiniers bien avisés cultivent des variétés rustiques et économiques sur les terres stériles. Le jujube (Zizisyphus jujuba) et le tamarin (Tamarindus indicus) poussent à l'état sauvage et dans les jardins familiaux des régions à saison sèche depuis l'Afrique jusqu'à la Chine et aux îles du Pacifique. Les fruits se mangent frais ou plus tard, une fois secs.

L'anacardier offre une grande résistance à la sécheresse et, une fois planté, n'exige que très peu de soin mais, traditionnellement, les fluctuations de son prix sur le marché international n'en garantissent pas la rentabilité. En Asie du Sud-Est, les gros investisseurs hésitent à investir dans l'anacardier. Pourtant, en cas d'échec des cultures marchandes, son fruit devient une source de revenu en espèces pour beaucoup de jardiniers dans le besoin.

Dans les régions sèches d'Amérique latine, la figue de Barbarie (Opuntia sp.) est plantée en clôture pour isoler le jardin du bétail. La récolte du fruit est difficile et laborieuse, mais la plante ne nécessite aucun travail supplémentaire ni intrants. Lorsqu'ils sont à court de nourriture ou d'argent, les paysans cueillent les figues et vont les vendre au marché; lorsque les autres récoltes sont bonnes, ils les ignorent. (Source: C. Landon-Lane)

 

L'élevage et l'aquaculture font intégralement partie des nombreux systèmes de jardins familiaux, autant en climat humide qu'en climat sec. Dans un jardin familial, la production animale aquatique ou terrestre peut engendrer des rendements et des revenus élevés, et améliorer la nutrition de la famille tout en contribuant à la gestion des déchets et au recyclage de l'eau et des substances nutritives. Dans beaucoup de pays, les animaux sont une source bon marché de produits alimentaires de haute valeur nutritive, riches en protéines, graisses et éléments nutritifs. En Amérique latine, les cobayes - connus localement sous le nom de cuyes - sont nourris avec les déchets de cuisine auxquels on ajoute un supplément de fourrage frais; en Asie, les escargots, source de protéines, se nourrissent des herbes qui poussent dans les étangs d'élevage et des déchets de cuisine.

 

FIGURE 8 Dans un jardin potager du Bhoutan, les conditions de vie et d'alimentation sont satisfaisantes. Preuve en est le bonheur de cette mère qui s'occupe de son bébé et des travaux légers de maison et du jardin. Excellente source de fer, les légumes verts préviennent l'anémie due à une carence en fer, qui affecte fréquemment les femmes enceintes ou allaitantes. (Source: C. Landon-Lane)

Gain de rendement et de temps

Les aller et retour dans les champs sont fatigants et constituent une perte de temps inutile. Cultiver un jardin familial peut être une activité tout aussi rentable sans qu'il faille s'éloigner du lieu d'habitation. Elle exige généralement moins d'efforts physiques que la préparation des champs et le désherbage, car la superficie est moins étendue et les conditions de travail sont meilleures.

C'est un travail moins pénible, en particulier pour les femmes et les filles, qui permet d'équilibrer la charge des travaux du ménage, généralement effectués en majeure partie par les femmes. Des études portant sur les occupations journalières des ménages montrent que, même quand les hommes et les femmes semblent travailler pendant le même nombre d'heures chaque jour, les tâches telles que préparer les repas, s'occuper des enfants, faire le ménage, s'occuper des animaux, et aller chercher l'eau et le bois de chauffe, ne sont généralement pas prises totalement en compte. Ces tâches incombent la plupart du temps aux femmes et se gèrent autour de la maison. Cette publication n'a pas pour but de promouvoir le jardin familial comme activité réservée à la femme; elle souligne le fait que le jardin familial s'intègre facilement aux tâches quotidiennes du ménage et qu'il peut ainsi aider les femmes à gagner un revenu.

 

Un des rôles les plus importants des femmes est de s'occuper des enfants en bas âge. Dans les derniers mois de sa grossesse, la femme ne doit pas participer aux travaux manuels des champs, ni passer de longues journées sans s'alimenter convenablement, pour ne pas mettre en péril sa santé et celle du bébé. Les nouveauxnés ont besoin d'être allaités régulièrement, et nécessitent une attention suivie; à l'âge de six mois, le lait maternel ne leur suffit plus et un supplément alimentaire est nécessaire. La meilleure solution est de rester à la maison pendant cette période: les jardins familiaux fournissent une activité profitable et relativement aisée qui permet à la mère de s'occuper de la santé et de l'alimentation de son enfant et de la sienne. Une alimentation nourrissante est disponible tous les jours dans le jardin familial et les plats sont fraîchement et soigneusement préparés à la maison. Il est aussi plus facile de nourrir un nouveau-né chez soi.

 

D'autres activités deviennent plus efficaces dans le jardin familial :

  • Les planches à semis fournissent les jeunes plants précoces à repiquer en plein champ, qui réduisent les travaux de désherbage et prennent plus rapidement que ceux qu'on sème directement dans les champs.
  • Le vannage, le séchage, la mouture et autres activités de traitement après récolte sont aussi rendus plus efficaces dans le jardin familial. En travaillant à proximité des récoltes qui sèchent, le jardinier est sur place pour les mettre à l'abri en cas de pluie; il peut aussi surveiller les animaux domestiques.
  • Les déchets provenant de la transformation des produits récoltés dans le jardin ou à proximité sont autant de fourrage pour les animaux et de compost pour fumer le jardin.

Environnement: des conditions meilleures dans le travail et dans la vie

Depuis toujours, les individus et les plantes sont écologiquement associés dans le jardin familial. Les uns comme les autres prospèrent là où ils trouvent suffisamment d'ombre, d'abri, de lumière, d'eau et de nourriture. Il s'ensuit de meilleures conditions de travail qui favorisent:

  • les entreprises à rendement élevé, tournées vers l'élevage des volailles et des porcs, les pépinières, les jardins maraîchers ou la floriculture;

  • les activités après récolte, de transformation des produits et de valeur ajoutée;

  • les emplois non agricoles, comme la couture et la menuiserie.

FIGURE 9 Compostés correctement, les déchets humains sont une ressource précieuse dans certaines régions d'Asie. Oasis ou bassin d'eaux usées? Le traitement sans risque des effluents est une préoccupation majeure dans les communautés pauvres et dans les agglomérations et les villes en pleine expansion. Certains traitements augmentent le risque sanitaire, mais le traitement dans les étangs d'élevage aquacoles du nord-est de la Thaïlande a contribué à accroître le revenu agricole de façon considérable. Les étangs sont des sources d'eau pour l'irrigation; les poissons comme la carpe ou la silure et les algues bleu-vert se nourrissent des déchets agricoles; les algues et la vase de l'étang servent d'engrais. Il faut que les planificateurs sachent tirer le meilleur parti des problèmes. Dans les régions sèches comme le Yémen et dans les communautés reculées du centre de l'Australie, les bassins d'eaux usées alimentent les jardins de dattiers et de bananiers depuis des générations. Dans de nombreuses régions d'Asie, les déchets humains correctement traités sont une ressource précieuse pour les jardins. Dans certaines villes chinoises, des panneaux à l'extérieur des toilettes publiques invitent les passants à s'arrêter et à déposer leur contribution, qui est vendue aux jardiniers locaux après traitement. (Source: C. Landon-Lane)

 

Les jardins familiaux fournissent la possibilité d'éliminer les déchets tout en respectant l'environnement. Le compostage est fréquemment pratiqué pour les déchets du ménage, à savoir les déchets de cuisine, le papier et autres matériaux.

Dans les zones inondables, comme le delta du Gange au Bangladesh, les jardins familiaux servent véritablement d'ancre aux habitations. Des plantes comme le taro, le cocotier et le palmier des toitures de chaume retiennent le sol quand il est inondé. En prévision des inondations qui dévastent régulièrement le delta du Mékong, les vietnamiens construisent leurs habitations sur des pontons qui flottent quand la terre est inondée. Les arbres des jardins familiaux qui sont adaptés aux inondations sporadiques et aux sols riches, comme les palmiers et les durions, continuent d'assurer la protection de la maison même quand elle flotte.

FIGURE 10 Le séchage des fèves: au Cambodge, une vieille femme contribue à la production alimentaire du ménage. (Source: C. Landon-Lane)

Amélioration de la position sociale

Dans tous les pays, il existe des groupes vulnérables à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et qui occupent une position sociale inférieure. Le jardin familial est un moyen qui permet souvent à la famille d'être moins vulnérable. Dans les zones urbaines à travers le monde, on pratique des cultures vivrières sur les toits et les balcons, dans les cours et les jardins communautaires, le long des routes et sur les terrains vagues. Ces cultures approvisionnent les individus en produits frais et commercialisables qui complètent le régime alimentaire de la famille et arrondissent les revenus. L'agriculture urbaine et périurbaine permet aux plus démunis des villes de faire face aux pénuries alimentaires critiques, notamment quand les infrastructures rurales et les systèmes d'acheminement des produits des récoltes vers les marchés sont insuffisants.

Les personnes âgées et handicapées sont souvent considérées comme des dépendants non productifs de la famille. Participer un tant soit peu aux travaux du jardin et aux autres activités familiales leur permet de contribuer facilement et en toute sécurité à l'approvisionnement alimentaire et au revenu du ménage.

 

FIGURE 11 En Bosnie-Herzégovine, une veuve cultive son jardin sur une parcelle que lui a attribuée la municipalité. Dans les pays qui ont souffert de la guerre, les marchés ne fonctionnent souvent pas bien et de nombreux ménages ont perdus l'accès à la terre. Quand le conflit a duré longtemps, ceux qui étaient au combat ont peu d'expérience en matière de culture. En 1981, aussitôt après la guerre civile en Ouganda, l'UNICEF a remarqué que l'agriculture urbaine avait effectivement alimenté la population des villes en produits non céréaliers. Dans les années 90 à Bagdad et à Sarajevo, les habitants se sont tournés vers le jardin familial pour répondre à leurs besoins alimentaires et commerciaux. Au Cambodge, dans un Programme spécial pour la sécurité alimentaire de la FAO, le jardin familial est inclus comme moyen de recréer la diversité de l'approvisionnement alimentaire; à l'aide d'un prêt de la Banque asiatique de développement, les soldats démobilisés ont été réinstallés dans les communautés rurales pour y aménager des jardins familiaux et y réapprendre à cultiver la terre. (Source: FAO/19932)

FIGURE 12 Des enfants dans un jardin scolaire en Equateur. (Source: FAO/16299/G. Bizzarri)

 

Les pauvres ont facilement accès aux systèmes des jardins familiaux. S'il est vrai que cultiver un jardin à des fins de subsistance est une pratique courante et utile pour les ménages, les jardins permettent d'engendrer rapidement un revenu non négligeable. Une très modeste somme investie dans l'achat des semences et un minimum de main d'oeuvre sont rentabilisés par la vente des légumes en l'espace de six à huit semaines. L'accès limité à la terre, qui caractérise souvent les familles pauvres, ne doit cependant pas constituer une contrainte majeure car seule une petite parcelle suffit pour développer un jardin familial.

Les inégalités entre les sexes exacerbent la vulnérabilité des femmes à la pauvreté et la malnutrition, augmentent les difficultés qu'elles ont à gagner leur vie - notamment chez les mères chefs de famille - et affaiblissent leur position sociale. La commercialisation des produits du jardin peut être une source importante de revenu indépendant pour les femmes, particulièrement dans les ménages qui ont une femme à leur tête ou dans lesquels les hommes sont absents pendant longtemps, ou dans les contextes culturels où par tradition les femmes subviennent aux besoins alimentaires de la famille grâce à leur travail. Dans certaines régions d'Afrique gravement affectées par le VIH/sida, les jardins familiaux approvisionnent en nourriture les familles monoparentales ou celles où les parents ont disparu. La répartition traditionnelle du travail et des responsabilités est telle que ce sont souvent les hommes qui s'occupent de la vente des récoltes vivrières les plus importantes ou des denrées de base, et qui exercent leur contrôle sur le revenu ainsi engendré. Le revenu provenant des jardins gérés par les femmes permet à celles-ci d'acheter ce dont elles ont besoin pour améliorer leur condition sociale dans les familles et les communautés socialement dominées par les hommes.

 

FIGURE 13. Des élèves apprennent le compostage au Honduras. L'apprentissage social favorise l'innovation et la sensibilisation à des pratiques agricoles durables et à bas prix. (Source: FAO/18907/G.Bizzarri)

Des compétences améliorées offrent davantage d'options

Améliorer les compétences des petits exploitants dans:

Débouche sur des perspectives meilleures comme:

Les technologies de production

L'utilisation plus efficace et durable des ressources.
L'accroissement de la diversité des moyens d'existence, allant, par exemple, de l'apiculture à la fabrication de bougies, ou de la production d'herbes aromatiques à la commercialisation de préparations médicinales séchées et d'huiles essentielles.

Le traitement et l'entreposage

La réalisation de bénéfices à partir des excédents.
La réduction des pertes après récolte et pendant le transport au marché.
L'ajout d'une valeur au produit.
L'augmentation des options de commercialisation.

La commercialisation

Des acheteurs loyaux et fidèles. Des prix plus élevés grâce à un approvisionnement régulier et de qualité. L'intégration de la production et des entreprises de commercialisation.

La gestion financière

L'accès au crédit et aux envois de fonds et rentabilisation de leur utilisation.une meilleure budgétisation dans les ménages.

La liaison entre le milieu urbain et le mili eu rural

La compréhension des marchés évolués et des chaînes de distribution.
L'accès à l'information technique et aux intrants de production.
Le contact avec les technologies urbaines (faire le pain,fabriquer les produits maison).
Identifier et approvisionner les marchés à créneau, comme celui des fleurs coupées.

L'organisation, l'esprit d'initiative et la communication

La commercialisation collective pour des profits nets, une position de force dans les négociations, l'accès à des marchés plus importants et une plus grande efficacité dans le transport.
Le renforcement de l'autonomie sociale - meilleur accès aux services et participation au gouvernement.
L'amélioration de la condition sociale des groupes défavorisés.

Une meilleure formation

L'acquisition des compétences est rendue plus facile dans les jardins familiaux, parce qu'ils sont à proximité des habitations de la communauté et que leur superficie est relativement petite, qu'ils sont potentiellement viables à partir d'un investissement modeste et conviennent à un large éventail de la population. L'interaction sociale propre au village favorise les échanges des technologies liés aux cultures et à l'élevage, et des compétences et des concepts en matière de gestion des affaires. Les semences, les poussins et les alevins sont disponibles à bas prix; les débutants peuvent s'initier aux pratiques intégrées de l'élevage et des cultures à partir des travaux réalisés dans les jardins. Par rapport à la formation traditionnelle, la participation favorise davantage l'apprentissage social, qui contribue substantiellement à engendrer des innovations. Par exemple, dans les fermes-écoles, les exploitants apprennent à travailler ensemble sur des pratiques agricoles économiques et durables. L'amélioration du transfert et de l'acquisition des compétences permet d'élargir rapidement les options pouvant améliorer les moyens d'existence des familles de petits exploitants.

Exemples de valeur ajoutée dans les jardins familiaux

Valeur ajoutée par la transformation maison

Ressources supplémentaires au service des produits des jardins familiaux

Stratégie de commercialisation pour ajouter valeur et profit

Entreposage.

Entrepôts.

Vendre en période de pénurie.

Séchage et conserves maison.

Ustensiles de cuisine, agents de conservation - sucre et sel; contenants - bouteilles et bocaux; matériel de séchage - paniers, barquettes et polyéthylène; source de chaleur.

Maintenir un approvisionnement régulier.
Utiliser l'excédent des produits frais.

Extraction de l'huile, fabrication de fromages. et autres activités de transformation.

Petit pressoir, ustensiles de cuisine.

Maintenir un approvisionnement régulier.
Vendre sur des marchés éloignés.




Classification, triage et emballage.

Matériaux d'emballage et aire de triage.

Vendre directement sur le marché du détail.

Méthode de production écologique.

Organisme de certification, marque identifiable et parfois, modification de la législation.

Vendre à prix fort comme produit certifié de production organique à une clientèle avertie.

Capitaliser sur l'originalité agroethnique ouautres facteurs d'intérêt.

Lien avec l'industrie du tourisme.

Faire payer des droits aux voyagistes.
Prévoir des guides de village.
Vendre des produits maison et des souvenirs locaux.
Prévoir la restauration et l'hébergement.

FIGURE 14 Valeur ajoutée, à Sumatra, en Indonésie: cuisson au four de gâteaux de manioc et d'aliments à vendre dans la rue. (Source: C. Landon-Lane)

 

plans de crédit de groupe établis à partir de fonds renouvelables sont devenus un outil prisé et relativement efficace au service de la réduction de la pauvreté dans le développement rural. En général, les groupes sont composés de quatre à six femmes, qui, chacune à leur tour, utilisent le prêt de 30 à 50 dollars EU pour financer les petites entreprises associées aux jardins familiaux. La formation concernant les techniques de gestion des affaires est rendue pertinente par l'utilisation de l'information concrète relative au jardin familial et au budget du ménage des membres du groupe. En Asie, environ 60 pour cent optent pour l'élevage; ainsi, toute formation de soutien dispensée dans ce domaine peut facilement et efficacement atteindre un grand nombre de personnes.

Valeur ajoutée aux moyens d'existence et aux échanges commerciaux

Les jardins familiaux rentables ouvrent des débouchés aux fournisseurs d'intrants, aux fabricants, aux petites entreprises de transformation, aux négociants et autres fournisseurs de services, tout en engendrant des revenus qui sont, en majeure partie, dépensés dans la communauté. Ajouter une valeur aux produits des cultures et de l'élevage par la transformation, l'entreposage et la fabrication permet d'augmenter les options qui s'offrent aux ménages ruraux dans le choix de leurs moyens d'existence. Le lait, les plumes et les fibres fournis par la volaille et les animaux sont généralement transformés en articles destinés à la vente grâce à des procédés maison. La transformation des produits périssables permet de les conserver plus longtemps, réduit les pertes dans le transport et assure l'approvisionnement régulier des marchés. La création des petites entreprises multiplie les possibilités d'emploi et de moyens d'existence dans les communautés rurales. Beaucoup de micro-entreprises deviennent des sociétés prospères, souvent si spécialisées qu'il est difficile d'imaginer qu'elles ont fait leurs débuts dans un jardin familial.

 

FIGURE 15 Valeur ajoutée, en Yunnan, en Chine: la fabrication de briques combustibles à partir de charbon gras dans un jardin familial. (Source: C. Landon-Lane)

 

Beaucoup de petits vendeurs ambulants et de tenanciers de gargotes gagnent leur vie et nourrissent leur famille en préparant et en vendant des aliments. En Malaisie, par exemple, la préparation et la vente d'aliments dans la rue emploient plus de 100 000 personnes et produisent plus de 2,2 milliards de dollars EU de chiffre d'affaire annuel. Compte tenu de la qualité des produits, cette activité fournit une alimentation suffisante et abordable à une grande partie de la population urbaine.

 

La fourniture des intrants agricoles est fréquemment entre les mains de grandes sociétés publiques ou privées qui n'offrent qu'une gamme limitée de produits de haut volume comme les engrais et les semences des principales cultures telles que le riz et le maïs. Inversement, dans les jardins familiaux, on a besoin d'un apport varié en semences de qualité de légumes et d'herbes aromatiques, d'arbres fruitiers greffés, de jeunes animaux à engraisser, de matériaux pour se protéger contre les insectes et les animaux nuisibles et modifier l'environnement, et de services de type paravétérinaire. Cette diversité de la demande crée des débouchés commerciaux supplémentaires pour les entreprises locales.

 

Les écoles, les centres de formation, les instituts de recherche et les services de vulgarisation profitent aussi de cette demande en intrants, en services et en produits. Quand la recherche et le développement s'appliquent aux innovations réalisées dans les jardins familiaux, ils aboutissent souvent à des utilisations commerciales rentables. Beaucoup de variétés améliorées de fruits et de légumes qui se vendent bien sur les marchés d'aujourd'hui ont été, à l'origine, identifiées par des jardiniers perspicaces et compétents.


Source : http://www.fao.org/documents/

 

JSS



16/04/2011
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